La cuisine mauricienne est définie comme "exotique", le terme usuel attribué aux cuisines des climats chauds et qui font généralement un usage courant d'épices diverses. Elle prit naissance en 1720 avec l'arrivée des Français à l'Isle de France, aujourd'hui Ile Maurice.
Les Hollandais, qui durant la plus grande partie du XVIIe siècle occupèrent l'île alors appelée Mauritius, y introduisirent quelques arbres fruitiers (agrumes, tamarinier, manguier, cocotier, etc.) ainsi que d'autres végétaux d'intérêt agricole. Ces premiers colons, qui cultivaient aussi la canne à sucre et la patate douce, introduisirent une espèce de cerf de Java, aujourd'hui le plus important gibier à l'île Maurice. Ils abandonnèrent l'île en 1710.
Quelques années plus tard, lorsque les premiers colons français se retrouvèrent dans l'environnement tropical de l'Isle de France, ils furent obligés d'adopter leur cuisine aux produits se trouvant à leur portée, surtout les végétaux et les produits de la mer. Ce sera les origines de la cuisine créole locale.
Dès 1735, le gouverneur Mahé de La Bourdonnais voulant que cette île soit autosuffisante en denrées alimentaires, y introduisit de nombreuses plantes d'intérêt agricole provenant de régions aussi diverses que l'Europe méridionale, l'Inde, l'Extrême-Orient, les Antilles et le Brésil, ce dont la future cuisine mauricienne bénéficiera grandement.
Pierre Poivre, qui séjourna à l'Isle de France durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle dans le but d'en faire "L'île à Epices" dont rêvaient les Français, en continuant l'œuvre de, de La Bourdonnais contribua à donner encore plus de variété à la future cuisine mauricienne. Ainsi, lors de chacun de ses voyages ou expéditions à la recherche d'épices en Asie du Sud-est, de nombreux végétaux furent rapportés, dont certains furent cultivés sur l'île.
Dès cette époque, la cuisine mauricienne commença à prendre une certaine identité, surtout que vers la fin du XVIIIe siècle la plupart des végétaux y figurant actuellement avaient déjà été introduits à l'Isle de France, même si tous n'étaient pas cultivés.
La prise de possession de l'île par les Anglais en 1810 ne changea aucunement les traditions culinaires des colons français, car les nouveaux gouvernants ne s'associèrent guère aux traditions culinaires des habitants de l'île. Cependant, durant le XIXe siècle, cette cuisine allait encore s'enrichir, non seulement avec l'immigration indienne qui débuta à partir de 1830, mais aussi avec la moins importante immigration chinoise qui eut lieu vers la fin de ce siècle.
Comme le veut la tradition, ces nouveaux venus n'ayant pas abandonné leurs cuisines traditionnelles, cela allait permettre à leurs cuisines respectives de s'intégrer à celle déjà présente sur l'île, et apporter encore plus de variété au répertoire culinaire mauricien. Ainsi, en sus de sa cuisine créole, la cuisine mauricienne s'étendit avec deux variantes, aujourd'hui connues comme les cuisines indo-mauricienne et sino-mauricienne.
Avec les quelques 300 ingrédients faisant partie de la cuisine mauricienne actuelle, on retrouve, parmi tant d'autres, des plats aussi divers que le rougail, aux origines typiquement provençales; les brèdes, l'aliment indispensable de la cuisine chinoise, et de nombreuses variantes de plats typiques de la cuisine indienne, tels les kari, achar, chatni, etc.
Fait exceptionnel dans l'histoire de la cuisine d'un pays, celles considérés comme les trois "grandes" cuisines du monde (France, Inde et Chine), sont aujourd'hui bien présentes à l'île Maurice, où elles se côtoient invariablement chaque jour. Comme c'est probablement le seul pays au monde où ces cuisines se retrouvent souvent sur le même menu et parfois dans la même assiette, on peut ainsi considérer la cuisine mauricienne comme une des cuisines exotiques offrant le plus de variété.
Vu ses caractéristiques exceptionnelles, cette cuisine mérite d'être mieux connue. Et c'est pourquoi les Mauriciens qui l'ont à cœur s'efforcent que le visiteur, surtout, ait toujours grand plaisir à la découvrir et l'apprécier à sa juste valeur.